dimanche 8 janvier 2012

Le Maître des Vents

Mots-clefs : saisons, vents, lutins, bêtises, conte, Maitre des Vents, Jacques Drouin

Il était un pays qui ne connaissait pas l'hiver. C'était le pays du Maître des Vents. II vivait dans une grotte au pied de la Grande Montagne aux Neiges Eternelles. Il était le gardien des vents qu'il tenait enfermés dans quatre sacs posés au fond de sa grotte. Avec les vents, il réglait le climat dans tout le pays et à cette époque-là, il ne faisait ni trop chaud, ni trop froid et le temps était agréable tout au long de l'année. Ainsi, les hommes ne connaissaient pas la neige qui ne tombait qu'au sommet de la Grande Montagne aux Neiges Eternelles, une montagne si haute que son sommet touchait le ciel.
Le Maître des Vents était aidé dans sa tâche par toute une armée de petits lutins. Mais les lutins sont de petits êtres facétieux et, parfois, ils s'amusaient à faire des blagues. Or voici qu'une année Le Maître des Vents dut s'absenter quelques mois ce qui l'obligerait à confier la gestion des vents aux lutins. Il choisit les trois en qui il avait le plus confiance et il leur donna des instructions très précises.




















« Lorsque le soleil se lèvera derrière la pointe du sapin, vous ouvrirez le sac Vent d'Ouest. Lorsque le soleil se lèvera derrière la colline aux Alouettes, vous ouvrirez le sac Vent du Sud. Enfin, lorsqu'il reviendra se lever à la pointe du sapin, vous ouvrirez le sac Vent d'Est. Quand les vents auront fini leur travail, vous n'aurez qu'à crier « Vent, rentre dans ton sac » et le vent reviendra tranquillement de lui-même. »
Les lutins regardèrent vers le quatrième sac, où rien n'était inscrit, attendant les instructions du Maître des Vents. Celui-ci lut l'interrogation dans leur regard et ajouta :
« Vous n'aurez pas à ouvrir ce sac, je serai de retour en temps voulu. » Puis il prit congé, non sans quelque appréhension.
Les trois lutins prirent leurs nouvelles responsabilités très au sérieux. Quand le soleil se leva à la pointe du sapin, ils libérèrent Vent d'Ouest. Celui-ci fila vers l'océan et en ramena des nuages chargés de pluie. Quand ils jugèrent que la terre avait été assez arrosée, ils crièrent :
« Vent, rentre dans ton sac ! »
Et le vent d'ouest rentra docilement dans son sac.
Les trois lutins se rendirent aux quatre coins du pays. Partout, ce n'était que tapis d'herbe verte, champs de fleurs multicolores ou gazouillis d'oiseaux dans les branches.
Les lutins rentrèrent à la grotte du Maître des Vents et le soleil se levait déjà derrière la colline aux Alouettes. Le moment était venu de libérer Vent du Sud. Le vent courut vers le grand désert de sable et en ramena un petit air chaud tout à fait agréable. Quand les lutins jugèrent que la température de l'air était idéale, ils crièrent :
« Vent, rentre dans ton sac ! »
Et le vent du sud regagna sagement son sac.
En parcourant le pays, les lutins découvrirent alors une terre couverte de champs de blé blond, des arbres chargés de fruits tous plus délicieux les uns que les autres. Heureux du bon travail accompli, les lutins retournèrent à la grotte. C'était juste au moment où le soleil se levait à la pointe du sapin. II était temps de libérer Vent d'Est. Celui-ci 61a vers les lointaines contrées où les forêts s'étendent à perte de vue. Il en ramena quelques nuages qui arrosèrent une terre quelque peu assoiffée et radoucirent la température. Quand le vent eut fini son travail, les lutins crièrent :
« Vent, rentre dans ton sac ! »
Et Vent d'Est revint tout tranquillement dans son sac.
Dans la nature, les sous-bois regorgeaient de champignons, de baies délicieuses, les arbres croulaient sous les pommes, les poires ou les châtaignes, le raisin mûrissait dans les vignes. Les trois lutins étaient ravis et attendirent avec impatience le retour du Maître des Vents mais il tardait à revenir de son long voyage. Au bout de quelques semaines, (es lutins, ne sachant plus que faire, lorgnèrent vers le sac mystérieux. Un jour, n'y tenant plus, ils se concertèrent : Vous ne croyez pas qu'il faudrait ouvrir ce sac, dit l'un d'eux.
Le Grand Maître nous a recommandé de ne rien faire avant son retour, dit le plus sage. Voyons, dit le troisième. Le vent d'ouest nous a amené les fleurs, le vent du sud, les fruits et le vent d'est les champignons. Que des bienfaits pour la Terre. Pourquoi en serait-il autrement de ce quatrième vent ?
Ils hésitèrent encore quelques jours puis ils décidèrent :
« Nous n'aurons qu'à entrouvrir le sac et le refermer aussitôt, juste pour voir l'effet produit autour de la grotte. »
Mais, dès qu'ils défirent le nœud, Vent du Nord, qui était enfermé dans ce quatrième sac, jaillit comme une furie, tapissa en un instant les parois de la grotte d'une épaisse couche de glace puis grimpa à toute vitesse au sommet de la Grande Montagne aux Neiges Eternelles.
Les lutins eurent beau crier, supplier : « Vent, rentre dans ton sac ! S'il te plaît, vent rentre dans ton sac ! » le vent du nord resta au sommet de la montagne. Les trois amis étaient consternés. Ils attendirent avec inquiétude, redoutant une catastrophe, mais comme il ne se passait rien de fâcheux dans le pays, au bout de quelques jours, ils furent rassurés. Vent du Nord semblait se plaire au sommet de la Grande Montagne aux Neiges Eternelles et il ne taisait de mal à personne.
Cependant, les lutins étaient chagrinés de voir le quatrième sac vide, ce même sac que Le Maître des Vents leur avait défendu de toucher. Le géant serait très en colère alors que les braves lutins avaient jusqu'ici rempli parfaitement leur tâche. II fallait trouver une solution. Alors, l'un d'eux eut une idée :
« Nous n'aurons qu'à courir dans la plaine le sac ouvert au-dessus de nos têtes. L'air le remplira et nous le refermerons. Ni vu, ni connu et Le Maître des Vents sera content. »
Ils l'ont dit, ils l'ont fait.
Vent du Nord n'attendait que ce moment. En laissant une grande traînée de neige derrière lui, il descendit de la montagne à toute vitesse pour remplacer l'air que les lutins avaient enfermé dans le sac. Puis il se tapit au bord de la rivière et n'en bougea plus.
Le Le soir même, Le Maître des Vents était enfin de retour de son long voyage. 
Alors, avez-vous bien respecté mes consignes ? lança-t-il aux lutins en lorgnant vers les quatre sacs.
Oui, maître, nous avons fait comme vous nous aviez dit, répondirent-ils en chœur avec un bel aplomb, et tout s'est passé comme prévu.
Vous avez bien respecté TOUTES mes consignes ? continua Le Maître des Vents. 
Bien sûr, dirent-ils d'une voix moins assurée.
Vous êtes sûrs de ne pas avoir ouvert le sac du vent du nord ?
Nous n'aurions pas osé, répondit le lutin le plus hardi.
Le Maitre des Vents gronda :
« Alors pourquoi la rivière est-elle gelée et pourquoi ai-,je failli me rompre les os en glissant sur le verglas qui tapisse les rochers devant la grotte ? »
Les lutins baissèrent la tête. Le Maître :
« Vent du Nord ne rentrera plus jamais dans son sac. Son sac, je ne l'ouvrais qu'une fois l'an, tout là-haut au sommet de la Grande Montagne aux Neiges Eternelles. Il pouvait y déverser toute la neige qu'il voulait puis il consentait à rentrer sagement dans son sac. Maintenant qu'il descendu de la montagne, je n'ai plus aucun pouvoir sur lui et, par votre faute tout va changer dans le pays. »
En effet, le lendemain matin, le paysage était totalement transformé : la neige avait recouvert les plaines et les collines, les forêts et les prairies d'un épais manteau blanc. Ce fut le premier hiver, un hiver de froidure et de vent qui dura trois longs mois.
Le Maître des Vents dut attendre que le soleil se lève à la pointe du sapin pour libérer Vent d'Ouest qui ramena la douceur. Alors le printemps s'installa. Puis ce fut au tour de Vent du Sud et Vent d'Est. L'été succéda au printemps, l'automne à l'été. Avant que Vent du Nord ne ramène l'hiver.
Depuis ce temps, les vents, devenus capricieux, ne voulurent plus regagner leur sac dans la grotte du Maître du Vent. Ils n'en firent plus qu'à leur tête et le temps en fut modifié sur la Terre entière. Et si le cycle des saisons se perpétue d'année en année, nous ne sommes plus à l'abri des caprices des vents. Ainsi, si la neige tombe en plein mois de mai ou si le vent chaud du Sahara déverse du sable rouge en plein hiver, vous saurez que c'est par la faute de trois petits lutins qui ont voulu jouer avec le vent du nord.

Ce conte m'a été raconté et offert par Jacques Drouin, conteur

Suite
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Tag Conte

6 commentaires:

  1. je n'ai pas tout lu
    je suis un peu speed ce matin
    mais je reviendrais
    bonne journée

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  2. Bonjour Mariuss

    Un bien joli conte .
    Voila pourquoi il y a le mistral dans le sud lol
    Coquins de lutins .
    Une belle histoire a raconter aux enfants ,petit Mathias va adorer .
    Tu vas mieux aujourd'hui ???
    Très bonne journée .gros bisous

    marie

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  3. Bonjour Mariuss,

    tout d'abord je te souhaite, ainsi qu'à toute ta famille, une merveilleuse année, emplie de santé, d'amour et de bonheur.
    J'ai dévoré ce conte, il faut dire que j'adore les contes et celui-ci m'a captivé. Merci pour ce cadeau.

    Bisous, Helene

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  4. Canelle > c'est trop gentil ! Je ne me suis pas encore mis aux voeux (sauf papier). Bonne Année à toi.
    Ce conte, comme tous ceux de mon collègue Droin, me plait beaucoup. Donc j'ai voulu vous en faire profiter
    Bisoux

    Francis > tu pourras y revenir quand tu veux. Bon mercredi à venir

    Marie > Sans aucun doute. Les lutins et les feuilles mortes je penses que tu les as reconnus.
    Je reste fragile. Baci

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  5. Merci beaucoup pour ce partages, j'ai adorer.
    J'aime beaucoup tout ce qui est conte, légende.
    Bisous
    Val

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    1. Vallou > Bah, là c'est pas de moi donc aucun mérite, lol, juste cela m'a beaucoup plu. Bizoux.

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